ANCRAGE |
Le dispositif des cercles d’enfants conteurs s’inspire des recherches de Suzy Platiel, ethnolinguiste africaniste du CNRS, qui considère le conte comme un « outil d’éducation ».
Dans les années 60, Suzy Platiel découvre les Sanan du Burkina Faso, une ethnie qui, à l’époque, ne connaît pas l’écriture. Chez les Sanan, l’éducation passe par les contes. Ils ne servent pas seulement à faire rêver les enfants ils leur apprennent à se concentrer, à écouter puis progressivement à parler. Les contes servent à transmettre les valeurs du groupe, les codes de comportement, mais aussi à régler les litiges. Peut-on apprendre à lire et à écrire si l’on n’a pas appris à parler ? Pour Suzy Platiel, sans maîtrise du langage oral et corporel, notre développement est incomplet. De retour à Paris, Suzy teste ses hypothèses dans des classes de sixième en instaurant une « heure du conte ». Au fil des semaines, les élèves développent leur capacité de concentration et d’écoute, prennent goût à la lecture et deviennent plus solidaires les uns des autres. Ils progressent dans toutes les matières. |
POUR ALLER PLUS LOIN | |
Podcast France Culture : Les Histoires de Suzy Platiel – Plaidoyer pour le conte | |
CNRS : Le conte, outil d’éducation – vidéo avec Suzy Platiel | |
Site « Une sorcière m’a dit » |
MISE EN OEUVRE |
Le principe des cercles conteurs repose sur le plaisir du partage. Assis en cercle, les enfants écoutent et réécoutent des contes transmis oralement par l’enseignant.e ou par l’un d’entre eux. Quand il le souhaite, chacun a la possibilité d’offrir aux autres l’un des contes écoutés en y apportant sa voix et sa personnalité. Il s’agit de permettre à chacun de s’approprier, selon sa sensibilité, un répertoire issu de la littérature orale (contes, comptines, devinettes…) appartenant au patrimoine immatériel de l’humanité. L’atelier conte est organisé pendant un temps dédié et régulier, pouvant se pratiquer en classe de la petite section au collège ou même après. Tous les participants, enfants et adultes sont assis en cercle, le conteur raconte, de façon à ce que les participants puissent s’approprier les contes dans l’objectif qu’ils racontent à leur tour… |
PLUS VALUES |
Les bénéfices observés dans les écoles où les cercles d’enfants conteurs ont été mis en place sont multiples et concernent principalement trois domaines de compétences : langagières, cognitives et sociales. Ils permettent, entre autres, d’enrichir son vocabulaire, d’appréhender la structure logique du récit, d’exercer sa mémoire et sa capacité d’attention, de cultiver l’imaginaire, d’apprendre à écouter et à respecter la parole de l’autre, de favoriser la confiance en soi, d’acquérir et de partager des valeurs humaines, de découvrir d’autres cultures…
On constate que les enfants en difficulté de langage prennent plus facilement la parole en cercle conteur que dans d’autres moments de la classe. Ils perçoivent en effet très vite qu’ils ne seront ni jugés ni évalués et se laissent « attraper » par le plaisir et le désir de partager. |
Publication 2024 , auteure : Marie-Claire SIMONIN